Nous pleurons avec le peuple de France. Ce qui s’est passé vendredi soir est inimaginable. Les Parisiens faisaient ce que tout le monde fait dans une société libre : ils passaient la soirée dehors avec des amis ou en famille, ils dînaient, buvaient, riaient, écoutaient de la musique, regardaient un match de football. À La fin de la soirée, plus de 120 personnes avaient été assassinées, des centaines blessées et des milliers terrorisées. Nous l’étions tous, d’ailleurs.
Une société libre et ouverte se fonde sur un contrat social qui prescrit que nous vivions ensemble dans la paix et le respect. Le terrorisme rompt ce contrat. C’est son objectif, pour qu’il devienne plus difficile de rester ouverts et inclusifs.
Les écoles ont plus que jamais besoin de soutien, en France et partout dans le monde. Lorsque les élèves retourneront en classe lundi, ils auront des questions, certains auront peur, d’autres éprouveront de la tristesse ou de la colère, mais la plupart se sentiront terriblement perdus. Nous avons déjà lu ou vu dans les médias des interviews de professeurs qui exprimaient leur crainte d’enseigner certains sujets. La salle de classe doit rester un espace ouvert, un lieu de questionnement et de réflexion, où les jeunes apprennent à remettre les dogmes en question, où ils s’entraînent à jouer, à écouter, à apprendre et à travailler tous ensemble dans la paix et le respect, non en dépit de leurs différences mais à la lumière de celles-ci.
Les informations qui nous parviennent sont évidemment tragiques. Au cours des jours qui viennent, nous continuerons à en apprendre davantage sur les réactions positives d’individus, de communautés ou de pays, qu’il s’agisse des simples gestes de compassion de ceux qui ont invité des étrangers chez eux vendredi soir pour leur permettre d’échapper au danger, ou des organisations de la société civile donnant un appui plus que nécessaire. Il est important de rappeler ces moments, et d’autres, à vos élèves, pour qu’ils comprennent mieux l’étendue des choix que nous faisons en tant qu’êtres humains.
Pour les enseignants, nous recommandons les stratégies suivantes:
- Faites comprendre à vos élèves que la salle de classe est un lieu où ils peuvent se sentir en confiance. Commencez par prendre le temps d’un constat. Ce n’est pas le moment de faire appel directement à la « tête » ni de faire un travail cognitif. Laissez à vos élèves le temps de réfléchir, d’écrire ce qu’ils ressentent ou les questions qu’ils se posent. lls peuvent ensuite échanger ces réflexions avec un de leurs camarades.
- Si vous n’avez pas encore de contrat de classe, c’est peut-être le moment d’en rédiger un. C’est votre contrat social, un ensemble de règles que vous décidez de commun accord pour que la classe reste un lieu où les élèves se sentent en confiance et où ils puissent tous participer librement, et avec respect.
- Proposez une activité centrée sur la reconnaissance de ce qui s’est passé et la commémoration. Demandez aux élèves de réfléchir aux différentes manières de se rappeler ou de commémorer des gens ou des événements. Donnez-leur du matériel de dessin ou de travaux manuels: argile, papier, marqueurs ou crayons de couleur. Qu’ils se servent de leur imagination pour créer quelque chose. Certains choisiront d’écrire un poème ou une chanson. Vous les connaissez bien à présent, donnez-leur l’occasion de s’exprimer.
- Une fois qu’ils auront pu absorber ces événements au plan affectif, vous pouvez les aider à essayer de comprendre ce qui s’est passé. On peut commencer par un tableau S-V-A Aidez les étudiants à faire mythe et désinformation.
Cette activité vous aidera à réfléchir à d’autres leçons qui pourraient vous être utiles. Vous pouvez, par exemple, parler des stéréotypes et de l’amalgame qui peut se faire entre les actions d’un groupe d’extrémistes et celles d’autres personnes qui n’ont rien à voir avec ces crimes horribles. Nous vous exhortons à favoriser la discussion plutôt que le débat, à ne pas risquer de voir certains étudiants se dresser contre d’autres. Des activités comme Laissez-moi le mot de la fin et Apprendre à écouter, écouter pour apprendre conviennent particulièrement bien. Il est important de laisser s’exprimer et de respecter des points de vue multiples.